Partie perdue

Il n’est pas bien difficile de voir que l’industrie nucléaire appuie fort, ces temps-ci, sur l’accélérateur.

Conférence internationale pour défendre le droit des pays pauvres à se doter de leur chaudière.
Relance en Italie d’un programme stoppé par référendum après Tchernobyl (et primes conséquentes à la clé pour les communes qui accepteraient d’accueillir une chaudière).
Concurrence des ex-assistés (Corée, Chine, sans parler de la Russie, apparemment sortie de son complexe tchernobylesque), désormais capable de vendre leur propre ingénierie (et l’Occident de s’insurger contre un nucléaire «low cost»).
Annonce de la création d’un institut mondial de formation (et, dans la foulée, d’un réseau de «centres d’excellence» dont le premier verrait le jour en Jordanie, -signal fort probablement-).
Énième annonce d’une technologie capable de détruire les actinides, ces lourdauds de la fission qui nous encombre l’avenir (un progrès qui permettrait «de rendre le nucléaire acceptable au plan environnemental et social»).
Annonce de l’intérêt de Bill Gates, à travers sa société TerraPower, pour un réacteur peu polluant et fonctionnant à l’uranium appauvri (il en reste après l’Irak et la Bosnie).
Et jusqu’au nouveau site internet d’Areva qui nous propose «Découvrez-le vite, plus de dialogue, d’infos et de pédagogie».
Annonce, annonce, annonce… Ça bouillonne.
On s’en fiche.
Pendant ce temps, le nouveau printemps s’installe.
Un printemps de plus a vu le jour.

J’ai l’air, avec cette forfanterie, d’opposer la poussée de l’herbe à l’active campagne de mort d’un secteur économique ravigoté par l’émergence de la nouvelle menace mondiale, le gaz carbonique.
Bien au contraire.
Ceux qui se souviennent vaguement du principe de la photosynthèse m’auront compris.
Au fond, c’est assez drôle. Quand on a fini de braire d’impuissance (gros lobby), de culpabiliser (40 watts de chevet), de se demander quand donc le président Yankee s’en viendra mettre un genou à Nagasaki, quand donc la France se trouvera la volonté d’un autre os à ronger, d’une autre excellence à défendre, quand donc le Nuremberg de tous ces chiens cravatés (AIEA, OMS)… eh bien, c’est vrai, l’herbe pousse.
Encore verte cette année.
Encore une partie de gagnée. Heureusement que nous n’y sommes pour rien.

Mais dans le même temps, la Préfecture du Finistère publie l’avis de la commission d’enquête au sujet du plan présenté par EDF pour le démantèlement de la centrale de Brennilis. Un avis défavorable. Et une lecture instructive.